La Paz, capital de la Bolivie, est une ville à l’organisation assez anarchique, posée entre 3000 et 4000m d’altitude. Contrairement à beaucoup de villes occidentales, les quartiers les plus hauts sont les quartiers pauvres et la partie basse accueille les quartiers riches. Entre les deux, ca monte et ca descend dans tous les sens et on ne trouve que rarement du plat. Et autours de tout ca: des montagnes de 5000 voir 6000 mètres d’altitude avec leurs neiges éternelles et leurs glaciers!
Les bestioles qui pendent des échoppes sont des foetus de lama! Je vous expliquerais à l’occasion l’utilité de cette charmante petite chose!
Ce n’est pas à proprement parler une belle ville, on y trouve assez peu de bâtiments avec une architecture intéressante, mais j’ai aimé cette ville! Ce fouilli permanant, ces rues en pentes, et les montagnes en toile de fond …. je trouve que c’est une ville qui a une âme!
La Plaza San Pedro ….
…et sa prison! (Pour ceux qui ne voient pas de quoi je parle allez jeter un oeil à ma note sur le livre “Marching Powder”)
Tiens d’ailleurs vous imaginez une ville comme La Paz sans voiture pour une journée? Pour ceux qui n’y sont jamais allé, pour vous donner un ordre de grandeur, c’est à peu près le même nombre d’habitants que Marseille et grosso modo la même densité de population (bon après la comparaison s’arrête là!), et une circulation monstre et bordélique! Et bien, oui, c’est possible! J’ai eu la chance d’assister à la journée sans voiture à La Paz et c’est bluffant! L’avenue principale que l’on hésite normalement à traverser même au feu rouge, est envahie par les piétons, par des enfants qui font du vélo ou qui jouent au foot! Comme ils disent en Bolivie: “Todo es possible, nada es seguro!” (Fil je te laisse chercher sur google translate ce que ca signifie )
En parlant de bizarreries, jetez donc un oeil à ces photos. Une soirée déguisée? Pas du tout! Ce sont des types déguisés en zèbre qui sont payés pour aider les gens à traverser! (Il y avait la même chose à Sucre mais je n’ai pas pu les prendre en photo) Cette initiative a été lancée par la mairie de La Paz afin de tenter de rendre plus sure les rues de la ville (quand on connait la conduite Bolivienne on ne peut qu’approuver une telle initiative!). Dans les costumes, ce sont principalement des jeunes des rues ou des anciens drogués. Le programme a eu des débuts difficiles (moqueries et manque de respect des gens envers les zèbres) mais aujourd’hui ils sont très bien intégré et l’initiative remporte un vif succès (par contre je ne saurais pas vous dire si cela a eu un impact significatif sur la sécurité routière).
Une des activités sympathiques à faire c’est la descente en vélo de la route des Yungas ou route de la mort. Cette route relie La Paz aux forêts tropicales de la région des Yungas. Le point le plus haut est à 4650m et le plus bas à 1200m. Le surnom funeste de cette route vient du nombre d’accidents qui s’y produisent: entre 200 et 300 morts par an environ. En effet la route est non pavé, très étroite, et aucune barrière ne protège du précipice de plusieurs centaines de mètres qui la borde sur toute sa longueur. Heureusement, une route alternative bien plus sure a été ouverte il y a quelques année et l’ancienne route est désormais principalement fréquentée par les touristes en vélo ou en bus.
Et ca en vaut largement la peine! La vue sur la forêt tropicale qui borde la route est tout bonnement fantastique! On descend à toute allure de l’altiplano vers les yungas sans pratiquement donner un coup de pédale! Sous réserve de choisir une bonne compagnie (la qualité des vélos est TRES importante sur cette descente, j’ai entendu plusieurs cas de freins qui lachent à cause de manque d’entretient) et de faire attention à sa vitesse (rater un virage n’est pas une option!) c’est une expérience à tenter absolument!
Je me suis également rendu sur le site archéologique de Tiwanaku, un centre cérémonial dédié au soleil. Un des sites archéologiques les plus importants de la Bolivie et un lieu encore important à l’heure actuelle. Il accueillait d’ailleurs le jour de ma visite le mariage du vice-président de la Bolivie, mais comme je n’ai pas mes entrées partout je n’ai pas reçu de carton d’invitation et suis arrivé après la cérémonie!
Et enfin, la raison pour laquelle je suis resté si longtemps à La Paz: l’ascension du Huayna Potosi! Après une semaine d’acclimatation à La Paz je me suis lancé à l’assaut des 6088m de ce géant.
Le Huayna Potosi est considéré comme un des 6000 les plus accessibles au monde et beaucoup de touristes le tentent chaque année …. ce qu’on oublie souvent de dire c’est qu’une grande partie n’arrivent pas au sommet! C’est certes un sommet peu technique et accessible à des débutants mais il exige une bonne condition physique et une acclimatation correcte à l’altitude.
Comme je n’avais aucune expérience en alpinisme j’ai pris une ascension en 3 jours comprenant une journée d’entrainement sur glacier.
Le premier jour nous sommes partie dans la matinée pour le camps de base situé à 4800m d’altitude après avoir essayé et récupéré le matériel. Dans l’après-midi nous nous sommes dirigé vers le glacier pour quelques heures d’entrainement. Au programme: comment marcher avec des crampons, comment aborder une pente raide en montée ou en descente, comment utiliser le piolet, et enfin comment gravir une paroi verticale avec deux piolets (juste pour le fun car l’ascension ne comporte pas de passage nécessitant d’utiliser cette technique).
Le deuxième jour les choses sérieuses ont commencé: départ pour le refuge à 5300m d’altitude. Il faut 4-5 h de marche pour y parvenir ce qui ne me semblait pas être trop compliqué, surtout après avoir passé 3 semaines à faire régulièrement des treks avec un gros sac sur le dos …. que neni!! La première partie c’est juste de la marche pas de soucis, mais arrivé aux alentours de 5000m déjà les effets de l’altitude se font sentir et d’une autre part il faut chausser les crampons et ca demande un effort supplémentaire quand on n’a pas l’habitude.
Au premier plan le refuge, et tout en bas au bord du lac le camp de base
Je suis arrivé au refuge complètement vidé! Certains commençaient déjà à ressentir le mal de l’altitude mais de mon coté ca allait. Par contre ca a commencé à aller moins bien quand j’ai essayé de dormir: maux de tête, impossible de dormir … Quand le moment de se réveiller est venu (c’est à dire à 0:30) je n’avais pratiquement pas dormi et j’avais un léger mal de crane qui me préoccupait. Petite discussion avec un des guides: si c’est juste un léger mal de tête c’est normal, un bon mate de coca et si ca se trouve ca passera, si ca empire en montant on rebroussera chemin. J’ai donc enfilé mes nombreuses couches de vêtement et je suis parti à l’assaut de l’ascension finale.
Nous avons commencé l’ascension vers 1h du matin dans un froid mordant, sous un magnifique ciel étoilé. Au loin on pouvait voir les lumière d’El Alto (la ville se situant à 4000m sur le plateau en bordure de La Paz, la banlieue pauvre de La Paz). Le début de l’ascension s’est fait sans soucis, doucement mais surement nous progressions vers le sommet. Puis sont venu les premières montées un peu raides, là ca commençait à devenir physiquement plus difficile. Globalement plus on grimpait plus ma progression était lente et plus les pauses s’allongeaient. Au fur et à mesure que nous avancions les premiers abandons arrivaient: mal des montagnes, épuisement. Moi je tenait bon, j’étais de plus en plus fatigué mais je restais concentré vers l’objectif: atteindre le sommet!
Vers 5800m ca devenait extrêmement difficile, le coté frustrant est que mon compagnon de cordée ne semblait pas plus affecté que ca (certes il venait d’effectuer plusieurs treks à plus de 5000m dans les semaines passée, ca aide aussi) et le guide nous incitaient constamment à forcer le pas. Le passages raides se multipliaient également et il fallait de plus en plus souvent utiliser le piolet pour se tracter. Tout ca pour arriver au dernier passage, l’arrête sommitale.
Ce passage m’a été décrit par beaucoup comme le plus difficile et le plus effrayant: une montée très raide avec à peine la place pour mettre un pied devant l’autre, et un grand précipice de chaque coté. C’est assez proche de la réalité même si un peu exagéré. En tout cas je confirme c’est le passage le plus difficile de l’ascension, et le mélange roche et glace rend certain passages assez délicat. Par contre le coté effrayant je ne peux pas dire: j’étais juste trop fatigué pour avoir peur!
Et finalement, après un ultime coup de crampon, un dernier coup de piolet …. le sommet!!! Quel bonheur! Mon premier sommet gravi, mon premier 6000! Et nous sommes arrivés juste à temps pour voir le soleil se lever sur les montagnes aux alentours! La vue était à couper le souffle et je ne suis pas près d’oublier ce moment! Au final sur les 10 du groupe à avoir tenté l’ascension nous sommes 6 à avoir atteint le sommet. Juste le temps de prendre quelques photos et de profiter de l’instant et il nous a fallu entamer la redescente.
Sur le chemin du retour je dormais pratiquement en marchant et c’est au terme de 10h d’effort que je suis enfin parvenu au camp de base, épuisé mais heureux! C’est certain ce ne sera pas le dernier! J’ai adoré! Vivement le prochain sommet!