… ne passez pas par la case frontière, ne touchez pas 20 000 pesos! Oui nous sommes de retour à Coyhaique un peu plus de 24h après en être partis! Mais pourquoi donc? A cause d’une journée magnifique qui a concentré en elle seule une quantité astronomique de malchance!
Le plan était pourtant simple et sans accroc: mon visa arrivant à expiration et celui de Philippe étant également proche des 90 jours fatidiques nous avions prévu de nous rendre à la frontière, la traverser, éventuellement passer une nuit en Argentine, puis revenir. Généralement ca marche bien et on a droit à un tampon nous accordant à nouveau 90 jours. J’avais rencontré plusieurs personnes ayant déjà effectué la manœuvre et Nacho (Villa los Torreones) nous avait même dit que les douaniers étaient conciliants dans le cas des voyageurs et qu’en jouant carte sur table avec un peu de chance on pourrait même faire l’aller-retour dans la journée.
Nous sommes donc partis pour Balmaceda à 60km avec comme objectif d’y passer la nuit, de faire les formalités pour les visas le lendemain, puis de continuer notre route. C’était un trajet plutôt raisonnable, quelques montées mais rien de vraiment déconnant.
On avançait plutôt bien, il pleuviotait un peu mais rien de méchant, on avait avalé les 15 premiers kilomètres sans même verser une goutte de sueur (OK j’exagère un poil!) et là …
Arf! Bon et bien, tentons de réparer me suis-je dit. Voyons voir ca: mettre la colle, attendre un peu, poser la rustine, appuyer bien fort, et ….. s’apercevoir que ca aurait probablement mieux tenu avec du duct tape …
OK, plan B, mettre une autre chambre à air. Justement j’avais une de celles d’origine (pour rappel j’avais monté d’autres chambres à air qui sont censées se réparer facilement, ce qui n’est pas totalement vrai). On regonfle et c’est reparti.
Quelques mètres plus loin deux chiens commencent à aboyer sur Philippe. Ca arrive de temps en temps, et généralement ils restent à distance de nos vélos. Mais là nous sommes tombés sur les deux molosses les plus hargneux de toute la Carretera Austral! Ils ont couru après Philippe pendant plusieurs minutes en montrant les dents et en l’encerclant et si ils n’avaient pas lancé quelques coups de pied il serait reparti avec un bout de mollet en moins! Par mesure de précaution nous avons chargé nos poches de quelques cailloux pointus après cet épisode!
2 ou 3 montés plus loin ….. tiens mon pneu est tout plat, celui dont je viens de changer la chambre à air il y a quelques minutes! ARGH!!!! Changer une chambre à air une fois c’est pas la chose la plus amusante au monde, sous la pluie et dans le vent encore moins, deux fois d’affilé ca devient carrément pénible, mais en plus de ca je me trimbale 2 sacoches à l’avant 2 à l’arrière 1 sur le guidon 1 autre sur le porte bagage sans oublier un petit sac et une bâche coincés avec un tendeur et il faut défaire tout ce petit monde à chaque fois! Que du bonheur!
Vu que je m’étais arrêté un peu avant pour remettre de l’air dans mon pneu Philippe était déjà loin. Je m’étais dit que ca serait sympa de lui faire passer le message pour éviter qu’il ne se refasse le chemin en sens inverse pour rien … c’était sans compter sur le sens inné de l’entraide et de la solidarité des gens du coin!
Je vous explique le contexte pour éviter tout malentendu: mes sacoches étaient étalées par terre, mon vélo retourné, une roue démontée … bref le même dernier des abrutis aurait pu comprendre que j’avais un soucis et que je n’étais pas en train de faire du stop. Rajoutez à ca le fait que je me mettais sur la route en faisant de grands gestes des bras. Vous croyez que les gens se sont arrêtés? Sérieusement? BIEN SUR QUE NON!!!! Un mec en galère? Vite accélérons et contournons le! BANDE DE SOMBRES $#%&@$&#!!!!!!!!!!!!!
Sans déconner, il a fallu que j’attende au moins 15 voitures avant qu’un bon samaritain ne daigne s’arrêter! Comme dirait George Abitbol: “Monde de merde!”. Après avoir réparé j’ai continué et suis tombé sur Philippe qui pédalait en sens inverse. Le gentil automobiliste lui avait passé mon message mais avait oublié de lui dire que j’avais une chambre à air de rechange. Il venait pour m’apporter une chambre à air car il avait eu le même problème que moi pour solliciter l’aide des locaux!
Plus loin, une nouvelle déconvenue: Philippe avait fait des sandwichs en attendant et les avait planqués dans une petite cabane sur le bord de la route. Un chien ressortait de la cabane quand nous sommes arrivés, visiblement rassasié!
Nous n’avons pas eu d’autre soucis sur la route et l’étape était même plutôt sympathique. Le vent soufflait dans notre dos, l’alternance pluie soleil a donné lieu a de magnifiques arcs-en-ciel, et nous avons pu apprécier le paysage de pampa très différent de ce que nous avions vu avant.
Arrivés à Balmaceda nous avons cherché un hébergement, sans trop de succès. Les quelques endroits que l’on nous indiquait étaient déserts. Au passage nous avons appris que le poste frontière chilien était à 100m et avons décidé d’aller y faire un tour pour expliquer notre situation. Et là c’est le drame! On nous a expliqué que le passage express de la frontière pour renouveler un visa n’est plus toléré à cause des abus qu’il y a eu, et qu’en plus de ca mon visa est expiré depuis la veille! Dans tous les cas nous allions devoir retourner à Coyhaique pour régler ca! Heureusement d’après le douanier c’est assez courant et on devrait pouvoir prolonger notre séjour sans rien avoir à payer.
Après avoir découvert que nous avions fait 60km pour rien (et que nous allions devoir le faire en sens inverse…) nous avons continué à chercher un hébergement. Au dernier moment nous avons vu un numéro de téléphone sur un panneau pour un petit hôtel. “Oui oui il y a des cabanes de disponibles, je suis à Coyhaique mais la fenêtre est ouverte! Entrez, je rentre un peu plus tard!” Nous a dit la propriétaire. Ah bon ca au moins c’est cool, pas besoin de planter la tente sous la pluie!
Coup de chance le lendemain matin son mari nous a proposé de nous emmener en pick-up alors que nous nous étions résolu à pédaler en sens inverse (et probablement avec le vent de face cette fois). Et nous voila donc de retour à Coyhaique jusqu’à lundi pour régulariser notre situation! Il est probable que l’on reparte mardi le temps de régler la paperasse.
Tu as gardé une partie de ma lose avec toi semble-t-il
Tu as même pas fait le trajet retour en vélo ?! Mauvieeeeeette !